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Roux: «En 96, on ne pensait qu'à ça»
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Roux: «En 96, on ne pensait qu'à ça»
Roux: «En 96, on ne pensait qu'à ça»
Guy Roux est l'entraîneur qui a dirigé le plus grand nombre de matches en L1. Champion de France en 1996 avec Auxerre, consultant régulier pour Canal+ et Europe 1, il était un témoin légitime pour nous expliquer la subtile alchimie d'un sprint final, alors que sept équipes se tiennent en six points à dix journées de la fin. Pour lui, deux paramètres sont essentiels : la volonté d'y parvenir et la perfection de la logistique. Et en creux, se dessine un portrait-robot, celui de Marseille...
«Guy Roux, pour vous, qui est candidat au titre à dix journées de la fin. Rennes, qui a six points de retard, l'est-il par exemple ?
Si Rennes avait six points de retard sur une seule équipe, il serait dans le coup. Mais je ne crois pas qu'il puisse sauter les six équipes qui sont devant. Rennes reprendra peut-être six points à Lyon, mais pas au point de doubler tout le monde, Marseille, Paris, Bordeaux... Toulouse et Lille, aussi, me semblent vraiment à leur place (4e et 5e). Les voir sacrés champions serait pour moi une énorme surprise. L'un des deux terminera peut-être deuxième ou troisième. Les autres, qui se tiennent en trois points, ont des chances presque égales de l'emporter.
La performance de Lyon contre Auxerre (0-2) montre-t-elle selon vous que l'OL part de plus loin qu'on veut bien le dire? Cette équipe n'a pas le jeu d'un futur champion en ce moment...
Ce match n'est pas un bon outil de mesure. Absolument pas. Les Lyonnais étaient exténués. Ils avaient pris une pilule contre le Barça. C'était leur sixième match en trois semaines. Ils n'avaient plus envie. Puel avait deux solutions. Ou aligner les mêmes en espérant un sursaut, ou changer un maximum de joueurs en mettant les Källström, Mounier, etc. Il a choisi les premiers mais les joueurs n'avaient plus ni l'adrénaline ni le physique pour tenir. Lyon, c'est un peu comme Zabel à vélo : le meilleur sprinteur du monde, mais qui n'a plus d'avance.
Marseille a frappé fort le week-end dernier. L'OM est-il le concurrent le plus sérieux de l'OL ?
C'est l'équipe qui a le plus de fraîcheur. J'ai commenté ses deux matches contre Amsterdam et le match retour a été, pour moi, le meilleur de l'OM depuis plusieurs années, avec beaucoup de dépense d'énergie. Si tous les joueurs de L1 de toutes les équipes attaquaient et défendaient avec la même dépense, on aurait un autre Championnat. L'OM a un très large effectif, il est très bien placé. Paris fait semblant d'avoir un très large effectif. Si cette équipe continue en Coupe de l'UEFA, ce sera difficile. Je suis déçu de ne pas l'avoir vu attaquer contre l'OM. Je la vois légèrement derrière. L'outsider parfait, c'est Bordeaux. On n'en parle plus. Pour continuer sur la métaphore cycliste, il est dans les roues. Il ne prend plus de relais. Personne ne parle de sa victoire contre Nice. L'équipe a eu une défaillance morale due à l'élimination à la fin de son match à Galatasaray (3-4). Mais ses possibilités de jeu sont bonnes. Gourcuff a eu un trou mais sa valeur n'a pas disparu, il va se ragaillardir. Je prends un ticket Bordeaux.
Vous parliez de la profondeur de banc. Avant, c'était le vrai point fort de Lyon dans le sprint final. N'est-ce pas cette année sa principale faiblesse ?
C'est surtout chez les attaquants que Lyon s'est appauvri. Il y a une vraie défaillance. Le départ de Fred a été une mauvaise affaire et la blessure de Govou, encore plus. Et puis sur les côtés, il n'y a plus personne pour déborder. Grosso et Mounier, ce n'est pas Abidal et Malouda. Si Clerc et Réveillère reviennent, ça ira derrière. Et Bodmer a repris...
A chaque fois qu'un club peut doubler Lyon au classement, il s'en prive. Comment l'interprétez-vous ?
Il y a une dimension psychologique certaine. On appelle ça la peur de gagner.
C'est l'idée que Lyon est un peu ''propriétaire'' de la première place ? On n'ose pas l'en priver ?
Je ne pense pas que ce soit par rapport à Lyon. C'est une peur de gagner de façon générale. Les clubs n'ont sans doute pas intériorisé qu'ils pouvaient le faire. Dans les années 60, j'avais rencontré Robert Bobin, l'entraîneur de la grande équipe de France d'athlétisme. On parlait de ça, et un jour il me dit : ''Tu vois le plafond ? C'est exactement là que se situe le record du monde de saut en hauteur. Le gars qui l'a battu, s'il avait pensé que c'était impossible, crois-tu qu'il l'aurait fait ?'' Je pouvais à peine effleurer ce plafond en étant sur le pointe des pieds. Moi qui avais ma petite équipe en Bourgogne, ça m'a marqué. Ça m'a aidé à gagner. Après ça, je n'avais plus peur de personne. Sans ce dialogue-là, Auxerre n'aurait pas gagné à Highbury (1-0 en 2003, contre Arsenal) et battu des équipes qu'elle n'aurait jamais dû battre, comme l'Ajax (4-2 en 1993).
Vous qui avez gagné le sprint final de 1996, expliquez nous quels sont les ingrédients essentiels à cette époque de l'année.
J'ai disputé deux sprints. Le premier en 1983-1984. Il restait Bordeaux, Monaco, et nous. C'est un arbitre qui a classé le problème en sifflant un penalty pour Bordeaux, contre nous, alors que mon joueur Claude Barret était à terre et que le ballon a roulé vers ses bras. J'en ai voulu à cet arbitre pendant vingt ans (NDLR, M. Vautrot). Il faut donc de la réussite. En 1995-1996, j'avais une très bonne équipe, et on était tous devenus un peu fanatiques, les joueurs et moi.
Fanatiques, c'est-à-dire ? C'est une idée fixe ?
Ça dépasse un peu la raison. On ne pense qu'à ça, et surtout on le fait sentir. Dans ces cas-là, vous faîtes du très bon travail sur tous les plans : technique, tactique, psychologique, physique. Et puis, il y a un paramètre très important, c'est la logistique. L'autre jour, un journaliste me demandait si Rodez avait une chance de refaire contre Rennes ce qu'il avait fait au Paris-SG. J'ai demandé : ''Après leur match contre Louhans-Cuiseaux, ils sont rentrés en bus-couchette? En avion?'' On m'a dit : ''Non, ils sont arrivés à 6 heures du matin''. Donc, aucune chance. L'OM a l'air assez fanatique. Passer de Paris directement à Amsterdam sans revenir à Marseille, c'est exactement ce que j'aurais fait.»
Recueilli par Cédric ROUQUETTE
L'Equipe
Guy Roux est l'entraîneur qui a dirigé le plus grand nombre de matches en L1. Champion de France en 1996 avec Auxerre, consultant régulier pour Canal+ et Europe 1, il était un témoin légitime pour nous expliquer la subtile alchimie d'un sprint final, alors que sept équipes se tiennent en six points à dix journées de la fin. Pour lui, deux paramètres sont essentiels : la volonté d'y parvenir et la perfection de la logistique. Et en creux, se dessine un portrait-robot, celui de Marseille...
«Guy Roux, pour vous, qui est candidat au titre à dix journées de la fin. Rennes, qui a six points de retard, l'est-il par exemple ?
Si Rennes avait six points de retard sur une seule équipe, il serait dans le coup. Mais je ne crois pas qu'il puisse sauter les six équipes qui sont devant. Rennes reprendra peut-être six points à Lyon, mais pas au point de doubler tout le monde, Marseille, Paris, Bordeaux... Toulouse et Lille, aussi, me semblent vraiment à leur place (4e et 5e). Les voir sacrés champions serait pour moi une énorme surprise. L'un des deux terminera peut-être deuxième ou troisième. Les autres, qui se tiennent en trois points, ont des chances presque égales de l'emporter.
La performance de Lyon contre Auxerre (0-2) montre-t-elle selon vous que l'OL part de plus loin qu'on veut bien le dire? Cette équipe n'a pas le jeu d'un futur champion en ce moment...
Ce match n'est pas un bon outil de mesure. Absolument pas. Les Lyonnais étaient exténués. Ils avaient pris une pilule contre le Barça. C'était leur sixième match en trois semaines. Ils n'avaient plus envie. Puel avait deux solutions. Ou aligner les mêmes en espérant un sursaut, ou changer un maximum de joueurs en mettant les Källström, Mounier, etc. Il a choisi les premiers mais les joueurs n'avaient plus ni l'adrénaline ni le physique pour tenir. Lyon, c'est un peu comme Zabel à vélo : le meilleur sprinteur du monde, mais qui n'a plus d'avance.
Marseille a frappé fort le week-end dernier. L'OM est-il le concurrent le plus sérieux de l'OL ?
C'est l'équipe qui a le plus de fraîcheur. J'ai commenté ses deux matches contre Amsterdam et le match retour a été, pour moi, le meilleur de l'OM depuis plusieurs années, avec beaucoup de dépense d'énergie. Si tous les joueurs de L1 de toutes les équipes attaquaient et défendaient avec la même dépense, on aurait un autre Championnat. L'OM a un très large effectif, il est très bien placé. Paris fait semblant d'avoir un très large effectif. Si cette équipe continue en Coupe de l'UEFA, ce sera difficile. Je suis déçu de ne pas l'avoir vu attaquer contre l'OM. Je la vois légèrement derrière. L'outsider parfait, c'est Bordeaux. On n'en parle plus. Pour continuer sur la métaphore cycliste, il est dans les roues. Il ne prend plus de relais. Personne ne parle de sa victoire contre Nice. L'équipe a eu une défaillance morale due à l'élimination à la fin de son match à Galatasaray (3-4). Mais ses possibilités de jeu sont bonnes. Gourcuff a eu un trou mais sa valeur n'a pas disparu, il va se ragaillardir. Je prends un ticket Bordeaux.
Vous parliez de la profondeur de banc. Avant, c'était le vrai point fort de Lyon dans le sprint final. N'est-ce pas cette année sa principale faiblesse ?
C'est surtout chez les attaquants que Lyon s'est appauvri. Il y a une vraie défaillance. Le départ de Fred a été une mauvaise affaire et la blessure de Govou, encore plus. Et puis sur les côtés, il n'y a plus personne pour déborder. Grosso et Mounier, ce n'est pas Abidal et Malouda. Si Clerc et Réveillère reviennent, ça ira derrière. Et Bodmer a repris...
A chaque fois qu'un club peut doubler Lyon au classement, il s'en prive. Comment l'interprétez-vous ?
Il y a une dimension psychologique certaine. On appelle ça la peur de gagner.
C'est l'idée que Lyon est un peu ''propriétaire'' de la première place ? On n'ose pas l'en priver ?
Je ne pense pas que ce soit par rapport à Lyon. C'est une peur de gagner de façon générale. Les clubs n'ont sans doute pas intériorisé qu'ils pouvaient le faire. Dans les années 60, j'avais rencontré Robert Bobin, l'entraîneur de la grande équipe de France d'athlétisme. On parlait de ça, et un jour il me dit : ''Tu vois le plafond ? C'est exactement là que se situe le record du monde de saut en hauteur. Le gars qui l'a battu, s'il avait pensé que c'était impossible, crois-tu qu'il l'aurait fait ?'' Je pouvais à peine effleurer ce plafond en étant sur le pointe des pieds. Moi qui avais ma petite équipe en Bourgogne, ça m'a marqué. Ça m'a aidé à gagner. Après ça, je n'avais plus peur de personne. Sans ce dialogue-là, Auxerre n'aurait pas gagné à Highbury (1-0 en 2003, contre Arsenal) et battu des équipes qu'elle n'aurait jamais dû battre, comme l'Ajax (4-2 en 1993).
Vous qui avez gagné le sprint final de 1996, expliquez nous quels sont les ingrédients essentiels à cette époque de l'année.
J'ai disputé deux sprints. Le premier en 1983-1984. Il restait Bordeaux, Monaco, et nous. C'est un arbitre qui a classé le problème en sifflant un penalty pour Bordeaux, contre nous, alors que mon joueur Claude Barret était à terre et que le ballon a roulé vers ses bras. J'en ai voulu à cet arbitre pendant vingt ans (NDLR, M. Vautrot). Il faut donc de la réussite. En 1995-1996, j'avais une très bonne équipe, et on était tous devenus un peu fanatiques, les joueurs et moi.
Fanatiques, c'est-à-dire ? C'est une idée fixe ?
Ça dépasse un peu la raison. On ne pense qu'à ça, et surtout on le fait sentir. Dans ces cas-là, vous faîtes du très bon travail sur tous les plans : technique, tactique, psychologique, physique. Et puis, il y a un paramètre très important, c'est la logistique. L'autre jour, un journaliste me demandait si Rodez avait une chance de refaire contre Rennes ce qu'il avait fait au Paris-SG. J'ai demandé : ''Après leur match contre Louhans-Cuiseaux, ils sont rentrés en bus-couchette? En avion?'' On m'a dit : ''Non, ils sont arrivés à 6 heures du matin''. Donc, aucune chance. L'OM a l'air assez fanatique. Passer de Paris directement à Amsterdam sans revenir à Marseille, c'est exactement ce que j'aurais fait.»
Recueilli par Cédric ROUQUETTE
L'Equipe
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