Pour ou contre Michel Platini ?

Pour ou contre Michel Platini ?



Le microcosme du football se divise actuellement en deux catégories. Ceux qui croient en les réformes et la vision de Michel Platini, et ceux (bien plus nombreux) qui pensent que le président de l’UEFA est un « réactionnaire » réfractaire par définition à toute forme d’évolution et dirigeant peu en phase avec le football actuel. Alors Platini, ange ou démon ?


Personnification de la loi et de l’ordre dans le monde du ballon rond, un univers fait de fantaisie et nourricier du fantasme chez des millions d’individus, incarnation de la régulation dans le monde de l’excès, tel un diététicien dans une cuisine de fast-food, sa présence dérange. De fait, Michel Platini est condamné à être détesté par ceux qu’il protège. Le concept est étrange, voir un peu masochiste, mais les faits sont là. Aujourd’hui, le président de l’UEFA, principalement de part sa profession de foi concernant les sommes pharaoniques qui circulent aujourd’hui dans le football, a beaucoup de mal à décoller l’étiquette de passéiste bilieux que lui colle la presse. Anti-Premier League, anti-Real Madrid, prosaïque… on peut traiter le hiérarque de 54 ans de beaucoup de choses, mais on ne pourra jamais dire qu’il est anti-football. A l’heure actuelle, c’est plus ou moins le seul homme sur terre qui peut sauver ce sport de l’autodestruction.

Trafic d'enfant, dopage financier et autre joyeusetés

Son faciès marmoréen, loin de la bonhommie ingénue d’un Sepp Blatter, ses cinglantes et elliptiques sorties devant les médias, peu accoutumés à voir un dirigeant faire autre chose qu’acquiescer de manière sémillante et faire succinctement montre de présence lors des grands événements de la saison, voilà qui ne doit pas contribuer à améliorer son image, déjà continuellement distordue par le kaléidoscope d’une presse (notamment anglaise) sans pitié. Son projet visant à endiguer les transferts tous azimuts et à stopper la prolifération des offres culminant à des sommes indécentes n’est pourtant que pur bon sens. En effet, comment concevoir qu’un club profondément endetté puisse déverser des centaines de millions d’euros sur les marchés ? Comment accepter le dopage financier, à l’heure ou toute autre forme de stimulant est scrutée, puis bannie. Comment homologuer la loi du plus riche et se targuer ensuite d’être le chantre de l’égalité sportive. Sans parler des transferts des mineurs, véritable contrebande digne des commerces les plus interlopes. Un trafic d’enfants, que ne renieraient pas les marchands d’esclaves de jadis.

Michel Platini fait semblant de fermer les yeux sur ce qui se passe mais impose son style

D’ici 2012, l’UEFA instaurera une loi qui interdira à tout club de dépenser ce qu’il n’a pas, de façon a calmer la houle qui fait tanguer le football et qui pourrait bien par une capricieuse lame de fond, l’engloutir complètement. Un scénario catastrophe, beaucoup plus envisageable que les vieux scripts au charme suranné, qui relataient la destinée d’un jeune joueur qui grandit dans le club de sa ville, qui y fait toute ses classes, qui marque le but de la victoire en finale de Coupe locale avant de terminer sa carrière dans le giron de son amour de toujours. A l’instar du cinéma, les effets spéciaux remplacent peu à peu les histoires. Une usine à rêves préfabriqués, qui vous injecte votre dose individuelle de fantasme et de spectacle avant de vous renvoyer à vos pénates. Les scénarios qui marchent aujourd’hui, c’est John Terry, monsieur Chelsea, qui envisage de rejoindre Manchester City pour un meilleur salaire, ou de menacer son club de toujours en vue d’obtenir le revenu qu’il juge idoine, pratique devenue (monnaie) courante en football. Les fables de 2009, c’est Emmanuel Adebayor qui demande deux millions d’euros d’indemnité à Arsenal pour l’avoir transféré à Chelsea, alors qu’il n'était absolument pas contre la transaction, se payant même le luxe de déclarer à son arrivée dans les Eastlands qu’il n’est « pas venu pour l’argent ». Demandez-vous donc si l’instauration d‘un Salary Cap est vraiment exagérée dans le contexte actuel ?

Dans quelques années, décennies peut-être, le football ne sera plus que le théâtre d’affrontement perpétuels entre trois ou quatre multinationales surpuissantes qui s‘arracheront les meilleurs cadres, éliminant sciemment les petites et moyennes entreprises. Les matchs seront sans doute entrecoupés de pubs pour financer les transferts pantagruéliques et les salaires gargantuesques. Et ça, c’est l’une des visions les plus optimistes que l’on peut avoir à l’heure actuelle. Il existe certainement un léger hiatus entre ce que Platini entreprend de faire et ce qu’il va réellement réaliser. La faute à un certain nombre d’obstacles d’ordre juridique et de la lenteur de certaines démarches. L’homme fort de la plus puissante instance européenne, devant tous les écueils qui se dressent devant lui, va certainement célébrer un nouveau chapitre du culte de l’échec, lui qui a vu certaines réussites se refuser à lui à l’époque où il était joueur. Il faudra tout de même saluer sa tentative, en se rappelant qu’au royaume des aveugles, des aveuglés par la recherche du profit, le borgne reste roi. Tandis qu’au royaume des nains, ensevelis sous leurs dettes, la belle taille reste une injure.


Hocine Harzoune

source goal.com

C'est monsieur " je veux tout faire en mieux " mais d'un coter il n'a rien fait depuis son arrivée. On attend toujours.

Sur certains trucs je suis d'accord avec lui alors que sur d'autres pas du tout ...

C'est comme tout ya du pour et du contre dans son ou ses discours.

C'est l'un des seuls qui avec ses mesures peut permettre au foot français de rattraper son retards sur les autres championnats.